Sur l’église Saint Martin à Montjean, un vitrail contemporain, comme une bulle de bande dessinée, raconte un épisode historique à l’emplacement même de ce fait.
Tout d'abord revenons un peu en arrière... Après la Révolution Française en 1789, est instauré le Concordat en 1802 entre Napoléon Bonaparte et le Pape Pie VII, qui consiste en une série de mesures d'ententes entre l'État et l'Église, visant à trouver un terrain commun entre religieux et républicains non modérés qui se battent régulièrement.
La guerre de Vendée et particulièrement la bataille du Pont Barré en est un bon exemple.
Les principes de base du Concordat : le catholicisme n'est plus une "religion d'État", la pluralité religieuse doit être de mise, le Gouvernement ne peut pas se réclamer d'une religion, « le Gouvernement assurera un traitement convenable aux évêques et aux curés » , la responsabilité des bâtiments religieux sera aux communes, etc.
L'État reconnait 4 cultes : catholique, protestant réformé et luthérien, israélite. Ils sont organisés et financés selon le droit public.
L'idée étant d'assurer une certaine stabilité dans le pays, tout en ayant plus de possibilités de respect mutuel. Mais surtout d'y gagner un peu de paix. Avant tout, il s'agit de ménager la chèvre et le chou.
Il est décidé que le Concordat est bancal, trop flou, mal définit, et qu'une remise en forme s'impose. C'est pour cela qu'est votée la Loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Églises et de l'Etat.
La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l'intérêt de l'ordre public.
Art.2
La République ne reconnait, ne salarie ni ne subventionne aucun culte.
L'État est autonome sans l'Église et vice-versa. Cela implique que financièrement l'Église doit désormais se débrouiller seule. C'est ainsi que la loi de 1905 abolit le Concordat et le système des quatre cultes reconnus.
Dorénavant il y a la liberté de croire ou de ne pas croire, il y a des cultes, et ceux-ci ne sont plus considérés comme institutions publiques. Ils dépendent du droit privé et doivent se déclarer en association cultuelle. Et pour s'accorder à la loi, les cultes doivent déclarer leurs biens en devenant association.
"Cette fenêtre fut brisée par les agents du gouvernement à la 2ème tentative d'inventaire le 15 mars 1906"
Sauf qu'à l'idée qu'on puisse fouiller partout, les plus fervents catholiques, vent debout, s'opposent à une telle pratique au motif que l'on profanerait le corps du Christ. Certaines églises, comme ici à Saint Martin, refusent catégoriquement ce principe et préfèrent garder portes closes.
Et cela donne lieu à des situations terribles, dont à Montjean, comme l'illustre cette scène dessinée d'après photo où l'on voit des agents d'État revenir en force pour la seconde fois afin de faire le fameux inventaire.
D'ailleurs nombre de conflits ont lieu dans les églises les plus radicales, au point que Georges Clémenceau alors Ministre de l'Intérieur décrètera que « le recensement des cierges dans une église ne vaut pas une vie humaine ». Histoire de calmer le jeu.
En signe de protestation, l'église Saint Martin fait créer ce vitrail quelques semaines plus tard en 1906, pour montrer sa colère envers l'État, la loi de 1905 et la méthode employée ce jour là.
C'est ainsi que ce vitrail, remplace exactement la partie détruite par les agents. Vécu comme un cambriolage particulièrement violent, il sert à désigner le profane.
Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'avec la lumière qui filtre dans les couleurs, la scène est tout de suite visible par les paroissiens. C'est un vitrail bande dessinée dont les reliures servent de cases. Il se lit en diagonale du haut gauche jusqu'en bas à droite, ou inversement :
Des hommes armés montent en direction du clocher pour s'introduire de force dans l'Église. Chaque personnage a un mouvement différent et l'action très bien décrite en une seule planche. Ce qui en fait une curiosité très réussie. Il détonne avec la très belle architecture romane du lieu.. mais c'était justement l'idée.
Finalement, il est important de dire que pendant la guerre de 1914-1918, la solidarité a été telle, que toute animosité a été effacée.
Une pensée pour l'intarissable Henri Geswiller, bénévole de la paroisse, qui nous a envoyé après notre visite, le fascicule de l'église manquant ce jour-là ! Il fallait raconter l'histoire jusqu'au bout..
Si vous souhaitez en savoir un peu plus sur le sujet, vous pouvez consulter les ressources pédagogiques en lien un peu plus bas. Bonne lecture !
Ressources
Article de la série "Les Essentiels" de la Bibliothèque Nationale de France
Article du site Vie-publique.fr // Site gratuit d'information qui donne des clés pour comprendre les politiques publiques et les grands débats qui animent la société.
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